Pour un dernier jour en 2014

Partez faire un rêve, dans un endroit où l’année se termine comme elle s’apprête à commencer, un quotidien qui se débat pour exister.

SFODA, son nom lui donne plus d’allure que cette dénomination si terne « d’orphelinat » à laquelle s’accroche tant d’abattement. Il n’y a plus assez de place ici pour ce genre de rancoeur, dans les yeux de ses enfants on ne vit que de joie et de reconnaissance.
Pas besoin de pousser les portes, elles vous sont grandes ouvertes, et dès l’instant où vous osez vous plonger sans crainte dans un monde qui n’est pas le vôtre, vous y salir les mains pour saisir toutes celles que l’on vous tend, répondre à ces sourires et ces besoins d’affection, le temps s’arrête et vous regarde.

Le décor n’est pas luxueux, peut être sommaire et usé, et parce qu’il est sans prétention il n’a pas d’impact sur ce que vous vivez.
La lumière n’est que pour ces regards qui vous cherchent.
On reçoit et l’on prend de leurs vies, parce qu’ils en connaissent souvent beaucoup de ses rudesses et nous apprennent la valeur de ce présent qui s’échappe.
Prenez le temps d’apprendre le Khmer, de colorier à nouveau, d’avoir 8 ans.
Ne comptez pas les fois où l’on vous grimpe sur le dos, où l’on vous arrose et où l’on vous demande vos bras.
Vous êtes ici mais vous vous oubliez, il y a eux, et ils sont tout, et pour les prochaines semaines, vous allez leur donner ce sentiment.

Si vous quittez SFODA quelques heures, poursuivez votre chemin jusqu’au « restaurant des enfants ». Phnom Penh se vide ici de ses jeunes et plus pauvres générations, celles qui ne vivent que des restes de la rue pour leur offrir la chaleur qu’ils ne peuvent y trouver.
On y sert sans relâche des repas simples qui semblent festins, mais l’énergie qu’ils dépensent sur vous, vous fait paraître comme le véritable intérêt de ce rendez vous.

Le monde prend une autre allure, celle de tant de valeurs qui se côtoient et se mélangent.
Une simple goutte d’eau dans l’océan du besoin. Pour eux elle est vitale.

Il y a mille façons de conclure avec 2014, il n’y en a ici qu’une seule de l’apprécier : en partageant ces dernières heures en autant de sourires que possible. Alors 2015 peut venir sans angoisse.
Ce rêve existe.
On peut le vivre ici.