Ce jour là Narah fêtait ses 12 ans, et si avec son père nous n’avons ramené qu’une bougie qui en comptait 9, par étourderie sans doute, il ne s’en est pas formalisé.
Le trajet fût une longue traversée de cette province verte et souvent trop baignée de soleil, des heures passées à regarder les plaines défiler pour qu’enfin se devine un chemin plus escarpé que les autres où les monticules de terre rendirent l’avancée plus pénible encore.
Des deux côtés de notre voiture bondée, l’eau stagnante des marais menaçait de nous accueillir si les manoeuvres expertes de Khuntir, conducteur averti, n’avaient pas été si précises.
Alors est apparu ce village, ou plutôt cette timide cohabitation de parcelles où les maisons traditionnelles trouvent place au milieu des champs.
Narah avait les yeux qui brillaient et sa petite famille qui ne parlait pas un mot de cet anglais trop lointain nous a accueilli à bras ouverts mais les mains jointes, habitude que leurs traditions imposent en signe de respect.
Le seul bruit que l’on entend dans ces terres est celui des poules qui frôlent nos pieds sous la table de bois au milieu de la cour, jusqu’au moment fatal où l’une d’entre elles voit malheureusement l’exécution se préciser entre les quatre murs branlants de cette cuisine de plein air. Aucune chance de survie, le coup de main de grand mère est d’une précision meurtrière, n’en déplaise à ses congénères qui peuvent en deviner leur destinée.
Il nous faudra passer outre la vision pénible de cette fraiche fin de vie qui termine sa course dans notre assiette puisqu’il n’est rien de moins approprié que de ne pas faire honneur au service. Une seule tentative marquera notre égard et nous permettra de rabattre notre appétit sur les casseroles de riz qui sont ici toujours débordantes.
Nos oreilles écoutaient les conversations comme un chant inconnu, le Khmer ne nous laissant aucun point d’accroche pour en capter le sens. Mais le partage n’a besoin d’aucun langage, nous étions invités et cela s’apparente ici à être membre de la famille.
Nous en goutions les manières et les us, le thé vert et les quelques chopes de bière locale.
Pour la note sucrée, c’est le petit dernier qui se chargera de la cueillette en se hissant sur le toit, une fourche longue de plusieurs mètres qu’il maitrise étonnement, calée entre ses mains minuscules, pour aller chatouiller les branches et en faire tomber des fruits inconnus.
Les champs sont brûlés de soleil et l’on y devine péniblement toute une horde de travailleurs infatigables, rythmant leur quotidien avec l’avancée des boeufs et les chutes de coco.
La vie y est sobre comme une simple conclusion de la nature, et ses hommes sont bons et généreux. Ils donnent aux visiteurs chanceux la chaleur d’un foyer le temps de leur immersion.
Par son calme et sa pureté, la province de Prey Veng offre une halte d’une beauté rare tant de le coeur de ses natifs que dans les couleurs de son horizon.
En soufflant ses bougies, Narah a fermé les yeux pour une prière, puisse t-il avoir souhaité que rien n’entame jamais pareille plénitude.
Encore un tableau de vie simple et belle découpé dans le quotidien par une plume-laser, les photos confirment la beauté des mots.
Merci pour ces petits bijoux
simple et belle..c’est exactement ça la vie Cambodgienne de campagne.
Merci encore pour tes gentils mots
Salut Marine.
Je confirme les dires de notre patriarche,les semaines passent mais ne semblent pas etioler ta créativité et la passion avec laquelle tu nous fais partager ton périple !
J’en profite pour te souhaiter une belle et riche année 2015, et surtout ne change rien !
Bises.
Merci beaucoup Fabrice.
Malgré un début plus que chaotique, je vous souhaite également une très belle année 2015.
Je vous embrasse