Le dimanche au « fuxing park », les petites pièces blanches et noires du jeu de go se déplacent aussi vite que les cigarettes se consument aux lèvres des anciennes générations, qui bravent fraicheur et bruine pour un tapis de jeu.
Les cartes sont distribuées, les dés jetés, les paris faits et les scènes de vie se passent alors dans l’effervescence du hasard et de la réflexion.
Le silence de cette nature, esclave d’une symétrie parfaite pour laquelle elle fût taillée, n’est rompu que par les brefs excès de joie de certains et l’exubérante frustration des autres que l’on apprécie en spectateur innocent.
Discrétion de rigueur pour s’immerger puis s’échapper de ce haut lieu de débâcle intellectuelle, cerné par les couleurs naïves de cerfs volants que des mains minuscules promènent dans le ciel.
Quelques blocs de modestes demeures résidentielles plus loin, se découvrent non sans surprise les dernières pierres de la concession Française. Les reliefs de ces façades, étrangement parentes de ceux des villages de la France profonde, en donnent à ces ruelles piétonnes toute l’illusion.
En bonne élève de l’éphémère, elle n’est qu’un souffle imperceptible dans l’exubérance de cette ville.
Car Shanghai n’a rien de tranquille ni de modeste, souveraine de la Chine moderne, elle n’est qu’un mur du paraître où, dépassées ces discrètes et calmes effluves, la démesure se pavane.
Les immeubles se hissent jusqu’à de vertigineuses hauteurs que la brume cotonneuse se charge parfois de préserver des regards. De ridicules paires de mois furent seulement nécessaires pour que l’horizon se noircisse de l’ambition de l’homme, qui ne trouve en la matière nulle limite à l’ouvrage.
le « Bund », rive piétonne du bras d’eau qui enlace la ville est une vitrine de ces colosses de verre et d’acier qui poussent de la terre sans que l’on y prenne garde sur une île artificielle.
En face de ces derniers venus, témoins enracinés de la croissance trop véloce du pays, se dressent d’authentiques pièces d’architecture.
Cette plaque tournante des affaires stratégiquement ancrée au carrefour de l’Asie, attisa en effet la convoitise de nombreux voisins dans les années cinquante qui déposèrent tour à tour leurs empreintes immobilières.
Se bousculent dans l’incohérence la Russie et l’Angleterre, Taïwan et le Japon dans un amas de briques au style reconnaissable.
Depuis, la chine n’a pas oublié au sommet de chacun, d’y dresser son propre drapeau pour en légitimer la propriété…
Shanghai reste unique mais plurielle, des mains étrangères se sont posées sur elles.
Dans un étroit district de son centre, l’on touche encore du bout des doigts les vestiges du passé, des maisons de bois brun résistent à l’assaut de la course et abritent comme un trésor le » Yu garden », pièce de sérénité pour une marche méditative.
Mais l’espace est cerné par le neuf et l’irréel, il en devient invisible.
Quand la nuit vient, elle n’est jamais entière. Elle n’est que pointillés de lumières s’agitant sur des tours de verre aussi loin que vos yeux peuvent leur faire face.
L’apesanteur des étages devient un luxe récréatif pour apprécier l’élégance de l’artifice.
Egaré dans l’exubérance, vous reprendrez bien un dernier verre pour admirer l’insomnie de Shanghai car il n’y a pas vue plus délicieuse pour excuser pareille étourderie…
aujourd’hui ma chérie ,tu es un peu plus grande!!
mamy et moi te souhaitons un très bel et très heureux anniversaire!
Nous t’embrassons fort, très fort !
Mum
Merci beaucoup Mum !
Pas de doute que cette année, cet anniversaire a une saveur toute particulière, même si les Chinois ne sont pas très doués en pâtisserie…
Dis à mamy que moi aussi je m’en offre quand même le luxe aujourd’hui..
Je vous embrasse aussi très fort.