Voyages en sac à dos

Une île nommée Don Det

Sage cachotière dans une étendue d’eau, calme parcelle habitée de ces « 4000 îles ».
Ne poussez pas la méfiance jusqu’à les compter vous même, elles savent bien y faire pour vous tourner la tête et duper vos calculs.
Des petits monceaux de roche et de terre, qui débrident la surface, entre lesquels on navigue pour accoster l’un d’entre eux, et oublier le monde qui, bien loin semble t-il, doit sûrement se poursuivre.
Camouflé dans cette aire interdite à l’agitation, il n’y a rien de plus à faire que laisser le paysage vous apaiser, entre cette eau claire et immobile, cette terre sablonneuse qui converse avec elle, et les regards bienveillants de ceux qui s’y sont posés.
Il n’y a qu’une seule allée pour couper cet atoll de part en part, et si chemin faisant les ardeurs du soleil vous causent trop de peine, il y a toujours, sans explication rationnelle à cela, une échoppe qui pousse dans cette jungle vierge, pour vous rafraichir la gorge.

Don Det l’introvertie, vit de ses poules et de ses vaches, de ses quelques bars qui accueillent les naufragés d’un soir, et de son feu jaune que l’on brûle chaque nuit sur sa rive pour venir se lover autour de son foyer.
On y raconte son périple, dans ce qu’il a d’original ou d’aventureux, au son des grillons ou des cordes de guitare, dont il se trouve toujours un artiste improvisé pour les chatouiller.
La lune nous espionne, figée sans son salon d’étoiles, a croire qu’elle nous jalouse et nous rejoindrait presque, pour une fois que le spectacle de la Terre se révèle innocent.
Mutuelle admiration pour ce qui brille au dessus de nos têtes, ces milliers de lumières éternelles qui répondent aux nôtres dans une obscurité parfaite, que l’on rompt juste pour mieux s’en délecter.
La nuit se passe sans qu’elle nous épuise, comme si le temps s’était stoppé pour nous tenir éveillé.

Et le crépuscule se montre, inondant de lumière ces 4000 îles qui nous servent d’horizon, prouvant qu’ici plus qu’ailleurs, les jours valent les nuits, et qu’il serait dommage de manquer ce spectacle qui s’éternise sans pause.
Don Det l’enivrante, un endroit du monde où, quelque soit l’heure, les yeux se ferment à regret.

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Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s’écartent,
Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !

Charles Baudelaire