Aussi loin que nos yeux plissés par le soleil portent leur regard, s’étend une plaine verte, dont les reliefs timides peinent à dessiner l’horizon. L’ombre est une denrée rare, la chaleur s’écrase sur nos épaules pour les marquer de cet effort que nous ne réaliserons que plus tard.
Dans les steppes Mongoles, les pas ne suivent pas un but, comme si nos étapes ne pouvaient se stopper par les distances, puisqu’elles s’amusent de leur limites inabordables, mais par le temps qui use nos mollets.
A la faveur d’une rivière dont nous percevons toujours l’écho entre les herbes, la route se stoppe lorsque le corps se lasse de l’épreuve, les yeux trop lourds d’un spectacle inédit dont nous étions témoins, comptant sous nos pas des carcasses de bêtes brulant pour l’éternité sur les terres, et franchissant quelques cols dont les crêtes trop abruptes fanaient pour un temps le souvenir qu’elles nous laissaient d’une vue sans heurt sur un monde inconnu, depuis leur hauteur respectable.
Dans la fraicheur saisissante qui accompagne la fuite du soleil, les yourtes se montent sans hâte, répondant aux mêmes gestes que des générations de nomades mongols ont accompli bien avant nous. Un assemblage précis, solide comme le bois de son squelette, doux comme le feutre de ses murs et la ronde parfaite que dessine son assise.
La rude vie Mongole, dans ces montagnes aussi désertes de vie humaine que grouillantes de l’agitation des bêtes qui se les partagent, s’affaisse soudain dans la langueur de ces maisons éphémères. L’homme y gagne un bout de terre sur cette nature indomptable, un carré de chaleur dans le cercle de feu d’un poêle qui élance sa fumée vers les étoiles, au moment où les meutes de loups en profitent parfois pour surprendre les troupeaux dans leur repos nocturne.
Le réveil nous saisit par ses courants glacés qui ont éteint nos braises depuis longtemps, nos yeux s’ouvrent à nouveau sur cette immensité oppressante, que l’on a caché derrière la porte de notre maisonnette, exposition sud oblige, par tradition ou habitude, l’une ici, se mêlant vite à l’autre.
Rien n’est différent de la veille, un tableau stoïque que les cavaliers dérangent le temps d’un galop dont il est impossible de deviner l’issue.
La carriole de yak se charge d’un transport que nous serions bien incapable de mener, bête robuste et gonflée de muscles, qui obéit sans sourciller aux murmures de ses maitres.
Les yourtes se démêlent et s’échouent sur le dos de ces colosses, qui sans même se débattre glissent sous leurs harnais, pour permettre aux pauvres hommes que nous sommes de rejoindre leur prochaine halte et d’y monter leur foyer.
Paradoxale Mongolie, qui de par sa nature grandiose nous semble finalement vide de tout, d’un vide bien étrange qui nous comble sans mal, nous arrache des sentiments inégaux, entre la merveilleuse pureté d’un monde intact où l’homme n’est qu’un pointillé, et la dangereuse ligne de cet horizon imprenable.
tu es en mongolie!!! profite bien Marine!! bise de Mercy
Nathan
Je profite comme toujours !! Le bonjour à tout le monde de ma part,je compte sur toi !
Ça y est,tu es repartie ?
Combien de temps cette fois ?
Quel programme ?
Bises.
Et oui, repartie sur les routes d’Asie !!
Mais malheureusement cette fois, le voyage est bien trop court.. deux semaines d’évasion..!
Au dessus des étangs,au dessus des vallées
Des montagnes,des bois,des nuages,des mers
Par delà le soleil, par delà les éthers
Par delà les confins des sphères étoilées
Mon esprit, tu te meus avec agilité
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde
Tu sillonnes gaiement l’immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté
Envole toi bien loin de ces miasmes morbides
Va te purifier dans l’air supérieur
Et bois, comme une pure et divine liqueur
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.
Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse
Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse
S’élancer vers les champs lumineux et sereins
Celui dont les pensées comme des alouettes
Vers les cieux le matin prennent un libre essor
Qui plane sur la vie et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes.
Pour un vers de baudelaire
Je me damnerai en enfer
Finalement, est un poète aussi,
celui qui l’apprécie.
Merci JB, il y a derrière ces lignes beaucoup de choses qui me touchent…!!
merci encore Marine de permettre à de la majorité d’enracinés que nous sommes, de voyager au loin avec l’acuité de ton regard et la poésie de ta plume