Si la boue colle aux chaussures et si le brouillard vous rend jaloux de son envieuse position qu’il a de pouvoir toucher d’un peu plus près cette vallée, c’est que vous vous trouvez probablement dans les hauteurs de Dong Van, petit village de montagne qui vient chatouiller la frontière chinoise.
Lorsque l’on randonne un peu, c’est en dénivelé culturel que l’on raisonne, parce qu’il peut être très abrupt au point de vous en couper le souffle bien plus que les mollets.
Le dos alourdi de leur charge quotidienne, les femmes en robes traditionnelles vous font paraître votre avancée timide et dérisoire tant elles ont pour leur part amadoué ces chemins escarpés à force de les parcourir.
Les rizières sont ensevelies sous cet amas de brume qui les rend plus mystérieuses encore et plus splendides sûrement quand elles se révèlent au détour d’un virage. Elles comptent dans leurs sillons de tout petits bouts de vie qui joignent leur force à la récolte collective et qui vous crient un « hello » qui n’a rien d’hésitant pour façonner ce lien si précieux entre nos deux cultures et les faire se sentir un peu moins seuls au monde.
Les enfants ont les pieds sales mais leur sourire est limpide. C’est la nature qui les façonne, ils ont la force que ce monde leur demande, l’instinct de survie que leur quotidien nécessite. Le présent est une tâche qui doit s’honorer, sans que l’on perde de temps à s’égarer dans l’avenir.
Assurer le nécessaire du quotidien leur demande bien assez d’énergie.
Ce que la plupart d’entre eux portent sur le dos, ils l’ont fait de leur mains en domptant ce que leur donnait la Terre.
Les habitations semblent fragiles, le bois se mêle à la boue pour y dessiner des murs irréguliers, et pour pallier à la chaleur de l’été on a oublié d’y poser des fenêtres. L’obscurité reprend ses droits dans de minuscules pièces à vivre que le feu égaye à même le sol en Terre.
Un peu plus bas au village, le dimanche est jour de marché, hétéroclite et bruyant, coloré et odorant. On s’y remplit les yeux de scènes improbables, là où les hommes s’enivrent de fumée en usant de ce bambou conçu pour que le tabac vous arrive dans les poumons en une seule inspiration et que votre esprit s’allège un peu le temps d’une minute. On peut y manger son bol de nouilles au milieu de ces carcasses d’animaux fraichement tués qui donnent toute sa brutalité à ce quotidien.
Le riz y est entassé dans de larges sacs en toile et fume encore parfois d’une cuisson tout juste terminée, il s’agglutine en amas dans de petits bols qui ne cessent de circuler.
Les animaux s’y vendent comme des objets et parfois même avec plus de brutalité, et notre sensibilité parait soudain trop moderne pour appréhender cet abattage.
On peut fermer les yeux mais ce n’est pas suffisant, les cochons hurlent leur angoisse et les coqs y perdent des plumes.
Si notre regard se détourne il se heurte à cette toute proche chaine de montagnes, rocailleuse et si verdoyante que l’on lui pardonne l’humidité de ses vallons.
Ici également la chaleur la plus accessible est celle du gosier, on l’entretient à la vitesse de rasades d’alcool de riz, qui se boit à toute heure, pour toute occasion et en quantité suffisante pour que le brouillard ne semble dû qu’à nos yeux.
Les victimes se déplorent parfois en fin d’après midi, abattues sur le bord de ces chemins, les lèvres encore humides et le regard vague. De minuscules tasses de thé vert brûlant finiront d’apaiser leurs vertiges, parce qu’il y a toujours ici quelqu’un pour prendre soin d’elles.
La vie dans le Nord est aussi dure que les roches qui la modèlent, elle n’a ni superflu ni extravagance, elle évite au mieux les revers de cette nature et use avec abus de ce qu’on lui offre de plus doux.
Magnifiques photos magnifique texte !
Tu nous manques !!
Vous me manquez aussi, j’en profite pour passer le bonjour à tout l’USIC et tous les secteurs !!!!!
pleins de bisous Marine
On te suit chaque jour, c’est un peu comme si on est avec toi !
Merci pour ces brins de vie au Vietnam.
On a l’impression de retrouver le vacarme du marché, l’odeur des bêtes sur les étales parfois jonchées d’insectes ou encore de se confronter à la violence de la viande canine vendue aux plus pauvres.
La différence de culture est saisissante, parfois on se sent privilégiés dans notre monde industriel, plus souvent on se sent revivre…
A te lire, nous savons quel sentiment t’habite .
Merci Xav!
bien heureuse de te retrouver sur ce blog et de constater que la lecture est aussi une belle façon de voyager…
C’est toujours avec autant de plaisir que l’on se plonge dans tes récits. En espérant que tu tiendras le rythme et pourra nous porter tout au long de ce voyage.
A bientôt et bon voyage…
Promis je vous embarque dans mon sac le plus longtemps et le plus loin possible.
Je vous envoie plein de bisous !!
Enfin une photo où on voit votre tronche !!!!!! Vous finissiez par me manquer!!! Merci pour ces moments partagés: les photos sont magnifiques et vos textes attisent mon impatience pour lire la suite. A vos crayons….!!! Biz
Les paysages montagneux sembles magnifiques ! Un plaisir de te lire. On se laisse imaginer tes rencontres avec leur façon de vivre qui semble si lointaine, en majeure partie, de la notre.
je découvre une autre facette de ton personnage et suis impressionnée de tous tes talents!
merci de nous faire voyager avec toi à travers tes récits et tes photos !
je vais finir par prendre la grosse tête avec tous vos adorables commentaires !! Merci beaucoup barrière de corail.
C’est un plaisir de lire chaque jour tes nouvelles découvertes.
Nous voyageons avec toi.
Merci de partager tout ça avec nous.
Bisous
le partage est la plus belle façon de se rendre compte que l’on est en vie.
c’est un plaisir pour moi.
bisous !!
Te lire me fait du bien loin de tout mes tracas qoutidien je voyage ,et je me dis que notre esprit est etroit et que c’est toi qui a raison.J’aime ce que tu ecris J’aime ce que tu es .Tu as un don tu gueris les maux et tu manis les mots a la perfection.Bisous et prend soin de toi
Ton commentaire me touche beaucoup MP, merci beaucoup pour ces mots.
J’espère que tu prendras toujours autant de plaisir à lire la suite des aventures;
Ne t’en fais pas, ici le monde prend soin de moi encore mieux que je ne pourrais le faire.
A très vite sur la route, les yeux grands ouverts pour ne pas en perdre une miette…