Terminus, tout le monde descend, la mine ravagée par douze heures chaotiques d’une nuit noire qui nous a fait passer du Nord au Sud Laotien.
On ouvre les yeux sur Pakse, une tête d’épingle plantée juste à côté du plateau des Bolovens, un enchevêtrement minuscule de rues désertes que ne troublent que les deux restaurants qui s’arrachent les quelques âmes égarées là, offrant ses seules éclaircies à la pénombre quand le soleil s’évade.
Avide de découverte, l’esprit encore frais de toute la ferveur aventurière, l’on parcourt chaque coin, pousse la porte de chaque temple, desquels même les moines semblent se faire encore plus discrets qu’ailleurs, l’on sillonne même à la nuit tombée les rives du Mékong espérant surprendre un peu de vie. On l’aperçoit sans y croire, si tranquille, qu’elle ne semble être qu’une toile de fond qu’aucun relief ne veut déranger.
Les locaux se partagent quelques soupes de nouilles qui brûlent, aussi chaudes que le soleil, à même le pavé, le marché se fait oublier dans le silence de ses tréteaux, le monde ici, a freiné toute sa course pour reprendre son souffle.
Pakse est l’antichambre d’un autre paysage, une porte qui s’entrouvre vers le Laos sauvage. Car ce n’est pas tant cette ville qui rayonne, mais elle est le piédestal d’une nature fabuleuse, étape incontournable pour apprécier les saveurs du contraste.
Le plateau des Bolovens, vastes plaines qui l’enserrent, sont un trésor balayé pas les attaques du soleil.
Dans le rouge de la Terre se dressent les plantations de café, leurs feuilles vertes et leurs bourgeons blancs. Comme une palette harmonieuse, un camaïeu naturel qui se disperse sur tant d’hectares, à peine rafraichis par l’écume des cascades qui aiment s’y plonger.
A l’ombre des maisons de bambous, les villages ne vivent que pour admirer le temps.
Les jours filent sans hâte, la misère se répand dans ces heures creuses comme l’alliée maléfique d’un monde préservé.
Les yeux brillants, les dents noires, l’allure impassible de ceux qui n’attendent rien de plus que ce que le monde met aux pieds de leur porte, le Laos se prélasse dans un quotidien éternel, étouffé dans sa propre chaleur qui l’empêche de trop se mouvoir.
Nos pas sont timides, dans notre regard se mêlent l’admiration d’un art de vivre que rien ne peut déranger, et le douloureux constat d’une détresse sous-jacente, qui, enfouie sous le poids de cette misère assumée, n’osera sans doute jamais s’exprimer.
Voilà donc tes environs Pakse, ville tendre et discrète dans une nature complexe.
Il y a finalement du sens à ce calme, à cette douce immersion citadine.
Qui oserait sans crainte, s’imposer bruyamment dans la si humble demeure du plateau des Bolovens, qui nous laisse le goût nouveau d’un tout autre temps ?
Un temps d’où il est possible de sourire au beau milieu de l’indigence.
« Faire (sou)rire, c’est faire oublier. Quelle bienfaitrice sur la terre, qu’une distributrice d’oubli! »; des sourires, de l’oubli, du rêve et de l’espoir qui savent illuminer la vie (suis fan de la photo-regard). Et, je reste persuadée d’avoir l’unanimité des personnes qui ont eu la chance (partagée) de croiser ta si belle route. Finalement, c’est un blog à ton image, un blog généreux! En un mot: Merci!
P.S.1: Tu devrais transposer ta poétique plume dans tes observ’
P.S.2: Tu n’as pas mentionné le lait dans ta description
P.S.3: Ce com’s (sisi!) est tardif (mes excuses) et non exhaustif