Voyages en sac à dos

Bagan, un ciel plus haut qu’ailleurs…

Oubliez ce que vous savez du monde, il en existe un tout nouveau, sans imperfection ni désordre, qui se dévoile dans le ciel de Bagan.
Elle n’est ni ville, ni rase campagne, juste un ailleurs que l’on peine à décrire tant son caractère s’est préservé du sens commun.
Sur des hectares d’une nature sèche, aride, agressée par le climat, pointillent des milliers de temples, dont la couleur se confond avec les reflets du sable.
Nulle trace humaine dans ce sanctuaire qui nous dépasse, seul l’esprit de Bouddha s’y autorise une demeure, et nous, spectateurs toisés de si haut par l’âme de ces pierres, n’y goûtons que l’effraction d’un jour.
Partout où le regard se pose, il rencontre une oeuvre centenaire bâtie de mains d’homme et polie par le temps.
Dans l’antre de ces pagodes, des fresques aux couleurs ternies racontent encore l’histoire que nous avons manqués, et les statues de Bouddha restent figées sous leur vernis d’or.
On s’agenouille sans fatigue, et l’on entend marmonner le son des prières autour de nous, l’on voit les mains se joindre par respect, et les bâtons d’encens se consumer, une cérémonie tranquille dont seuls les sourires des enfants nous détournent.
Leurs visages peints de Thanaka se plongent dans votre regard, il faudrait les suivre sans doute dans le labyrinthe de ces temples, mais leur rencontre est un délice inattendu que l’on ne peut provoquer.

Bagan se savoure comme un met délicat, comme une beauté précieuse que l’on ne voudrait pas froisser mais dont l’on voudrait capter l’âme.
Le ciel pourrait bien nous y aider…
Car il est possible d’embrasser ce paysage depuis d’autres dimensions, de prendre la hauteur qui manque à notre condition d’homme, pour en apprécier l’ampleur.

Dans une aube à peine fraîche, les montgolfières se gonflent d’air et leurs larges cabines d’osier nous offrent le premier rang pour une scène prodigieuse et pourtant méconnue.
Nous regardons, impatients et tout juste effrayés par l’expérience nouvelle, les mètres d’altitude s’engouffrant entre nos pieds et cette terre brûlée.
Les ballons de Bagan dansent dans un ciel jaune, et les briques rouges de Bouddha s’amusent sans doute de notre candeur.
Le monde apparait minuscule et démesuré, sous la toile de notre aéronef se cachent nos yeux qui ne savent plus même où se fixer, alors que nous volons dans les nuages Birmans et que l’horizon n’est plus à sa place.
La tradition de la discipline exige qu’une fois les pieds revenus sur le sol, nous partagions ensemble quelques coupes de Champagne.
Mais il n’y a qu’une certitude que cette scène inspire, au milieu d’un champs désert qui fût notre Terre d’accueil, à nouveau retrouvée notre insignifiante nature : notre expérience à Bagan a tout d’une splendeur irréelle et  ce ne sont pas les bulles qui nous tournent la tête.

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3 Commentaires

  1. Louis Louis
    10/03/2015    

    Somptueux instantanés Marine! :’)

  2. guydimeg guydimeg
    11/03/2015    

    Toujours plus haut, n’est-ce pas Marine ?
    récits haut de gamme survolant la mêlée de ce très long périple, sueur de l’effort intense pour gravir les sommets, et maintenant carrément suspendue dans les airs pour une vue imprenable sur les trésors birmans, la triste actualité nous édifie sur les dangers du banal hélicoptère, alors le ballon, oui, ok pour prendre de la hauteur sur ce bas monde,garder quand même à l’esprit qu’un certain Pilatre ne s’en est pas remis…
    Gros bisous

  3. Morgane Morgane
    12/03/2015    

    Superbe, encore une fois merci Marine! Et profite de ce beau pays, et de la suite de tes aventures, toujours aussi bien contées par tes talents.

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Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s’écartent,
Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !

Charles Baudelaire