Voyages en sac à dos

Les Lolos Noirs, une ethnie oubliée dans le temps

Peu nombreux sont ceux qui portent encore le costume traditionnel, une toge élégante où les couleurs harmonisent la beauté des femmes, alors que le noir affirme la sobriété des hommes.

Pour grimper jusqu’à eux, il n’y a qu’un chemin, souvent peu praticable, que l’on dévore sans méfiance, porté par cette curiosité que vous soufflent les montagnes.
Il est 15 heures et l’école donne sa classe en toute discrétion, ses portes grandes ouvertes sur le vert de cette vallée. Les cahiers sont griffonnés avec application, mais on les abandonne toujours vite pour leur préférer le grand air.
Les sourires vous poursuivent pour faire avec vous les derniers mètres de cette ascension, heureux d’avoir trouver en vous une distraction inhabituelle.

Quelques modestes demeures trouvent refuge au milieu d’une végétation si dense qu’elle leurs permet d’être insoupçonnées. Sur les larges balcons dont le sol est branlant sans jamais être chétif, le riz prend ses dernières pauses pour se gaver de soleil. Ce n’est qu’un peu plus tard, d’un geste d’une perfection millimétrique que les femmes viendront l’aérer en jetant vers le ciel leurs disques d’osier et répétant sans fatigue cette élégante chorégraphie.

Les hommes sont aux champs et les enfants s’éduquent d’eux même sur les nattes de leur maison, où seul le feu qui brûle sans lassitude la grande théière en fonte fait figure d’agité.
Pas de pleur ni de brusquerie, il y a tout pour vivre ici mais il n’y a rien de plus.
Les haricots germent en silence pour de longs mois et le riz noir prend ses aises dans chaque recoin.

On regarde passer le monde avec un étrange sentiment d’intemporalité, alors que derrière notre épaule se continue ce quotidien si calme et si précaire et que devant nos yeux se fixent ceux de ces enfants qui semblent vous dire qu’ils ne manquent de rien.
Chez les Lolos noirs la vie s’éternise avec une douceur qui nous semble inaccessible, ayant depuis trop longtemps oublié de la préserver.

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7 Commentaires

  1. guydimeg guydimeg
    19/11/2014    

    quel plaisir de découvrir avec toi ce petit peuple que la civilisation a oublié de dénaturer, l’acuité du regard que tu portes sur chaque chose est saisissante et la précision des mots que cette vue t’inspire n’enlève rien à leur poésie Bravo Marine ! Bisous

    • Marine Marine
      20/11/2014    

      il n’y a qu’à ouvrir les yeux pour être ébloui ici, et alors les mots s’échappent tous seuls.
      Merci et merci encore

  2. Anne.K Anne.K
    19/11/2014    

    Vos mots posées sur l écran comme une plume, vos photos immortalisants une rencontre ou un geste, cela semble juste merveilleux. Je n’ai meme pas envie de les commenter, si ce n’est pour vous dire que je pense à vous……simplement envie de les entendre résonner encore……

    • Marine Marine
      20/11/2014    

      Réussir à traduire ce que je vis par les mots et les images est une belle récompense.. Merci à vous de faire partie du voyage

  3. andré andré
    20/11/2014    

    Bravo! pour le voyage et pour le journal du voyage! que « cette douceur qui nous semble inaccessible » vous nourrisse de possibles pour très longtemps! en souvenir de quelques mots après un concert de jazz; c’est Marie qui m’a filé l’adresse du blog! je le suivrai régulièrement!

  4. Marine Marine
    20/11/2014    

    c’est un plaisir de vous compter parmi les lecteurs de ce journal, je vous y souhaite un beau voyage !

  5. patrice patrice
    21/11/2014    

    Je serai bref car je n ai pas ce talent incroyable pour les mots, les bons, ceux qui vous transportent sans meme avoir encore bouge…..

    BRAVO!!!!! Quel talent dans l’écriture…. Une precision que l on pourrait qualifier de chirurgicale…. une belle médecine de l’ame. Bravo encore

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Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons,
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Charles Baudelaire