Voyages en sac à dos

En un jour à Battambang

Ne cherchez pas votre ceinture, il n’y en a pas, ni vos accoudoirs, il n’y en a pas non plus.
Une planche sur quatre roues qui se démontent aussi vite que l’on aperçoit sur la même et unique voie un opposant qui nous fait front ; le train de bambou de Battambang est aussi sommaire qu’efficace.
Les rails ne semblent pas toujours symétriques et les rigueurs de la nature font que le trajet peut en chahuter plus d’un alors que l’on se débat avec le grand air qui siffle dans nos oreilles. Ces sept kilomètres se passent à la vitesse d’un moteur dont le bruit nous fait oublier les dangers de cette installation antique qui prend tout juste sa place dans le vert de la végétation pour filer sans virage à toute vitesse.
Au bout de l’aventure, il n’y a rien d’autre qu’une colonie de petites mains qui cherchent à vous vendre tout ce qu’elles confectionnent avec une insistance souvent irrésistible.
Nous sommes passagers de leurs vies qui s’organisent ici, autour de ces rails centenaires et usés, les pieds nus dans la terre et les yeux qui cherchent notre propre regard.

Mais si Battambang roule sur des rails, c’est à pied que l’on grimpe jusqu’à ses temples, les cents visages de Bouddha veillant sur la ville depuis ces hauteurs de pierre. La vie monastique y prend l’allure tranquille des quotidiens de montagne, rien d’autre n’étant nécessaire que ce soleil qui se lève et cet encens qui se consume.
On pénètre ici en curieux et l’on s’y attarde pour écouter les prières des moines.

A la tombée de la nuit c’est le règne animal qui se met en lumière alors que depuis la porte d’une cave cachée dans les roches, des millions de chauve souris émergent pour chasser en une étonnante chorégraphie.
On se presse ici pour assister à cette longue et inhabituelle procession, où ces paires d’ailes noircissent le ciel pendant près d’une heure pour se perdre dans la jungle alentour.

Battambang marche, grimpe, vole et reste si calme.
Son coeur bat sur quatre rues où l’on goûte le riz le plus parfumé de la région, les oranges les plus sucrées,et les nouilles faites à la main devant nos yeux.
Les marmites bouillonnent aux bords des rues sans que l’on sache vraiment ce qu’elles contiennent, et le marché ne se tait qu’avec la nuit.
Quelques bâtisses rappellent l’architecture coloniale au milieu des empreintes de ce Cambodge qui brille par sa pagaille et ses pagodes dorées.
Et dans cette cohue d’opportunités, le mieux reste encore aux heures trop chaudes de s’attabler dans un coin d’ombre en écoutant le quotidien filer au rythme des chants Khmers, qui partout, toujours, se font entendre.

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2 Commentaires

  1. guydimeg guydimeg
    22/12/2014    

    billard sophistiqué pour le Dupuy-train et le train-de-Lenbourg, ou planche bambou avec rails asymétriques du train de Battambang ?,les voies impénétrables du Seigneur surprennent toujours par leur diversité…

  2. Marine Marine
    22/12/2014    

    Et modestement, j’essaie d’y comprendre quelque chose…
    Voilà sûrement pourquoi la route est si longue et que ce bout de carte que je cherche me parait infini !

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Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s’écartent,
Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !

Charles Baudelaire