Voyages en sac à dos

Décembre au Cambodge

Le ciel n’a rien du gris d’un mois d’hiver et les températures grimpent bien plus haut que l’on ne peut le supporter.
Certaines heures sont à éviter, lorsque l’air devient un bouillon irrespirable où se mêlent à la poussière les odeurs des étalages qui poussent à chaque coin de rue, que le soleil vous nargue et vous abat.

Phnom Penh.
Personne ne sait vraiment quoi faire avec sa première lettre, la prononcer pour rendre à cette ville son caractère brut et inattendu ou l’oublier pour lui donner le charme qu’elle mérite. Et malgré toutes les façons de balbutier son nom, il n’y en a qu’une pour découvrir son mystère : sillonner ses allées, qu’elles soient fiables ou tout juste praticables dans une cohue de terre, grands boulevards trop fréquentés ou ruelles insoupçonnées.
Il faut battre ce pavé de jour et de nuit, ne pas se laisser gagner par le vertige de la densité et de la circulation, apprécier chaque quartier pour son unicité.

Pour faire battre le coeur de pareille concentration, le marché central se charge par son imposante bâtisse en étoile d’être le point de repère d’autant de locaux que cette capitale en compte. Il y règne une agitation permanente qui se disperse alentour non sans mal jusqu’aux rives du Tonlé Sap, long bras droit du plus célèbre Mékong.
Marchander pour l’utile, plus encore pour le futile, c’est ici pratique courante dans les mille stands qui encombrent l’espace.
Et pour ceux dont la frénésie n’a pas de limite, le « marché Russe », plus désorganisé, plus sale, plus authentique peut être, fait concurrence honorable.
Ils sont à l’image de la ville, un univers du possible.
Possible de manger n’importe où, n’importe quand, n’importe quoi sûrement.
Possible de se laisser surprendre par le soleil comme par la pluie battante d’une mousson tardive. Possible d’être émerveillé par des temples centenaires où les moines se réfugient, et déchiré par ces enfants sans âge qui ne vivent que de la rue.
Possible de trouver le calme dans un coin de verdure, puis d’être égaré dans la foule et sa course continuelle.
Le palais royal impeccable de perfection et ses toits dorés que les gardes protègent, s’impose à une misère qui se passe devant ses portes même. Le Cambodge veut vivre, avec tant de force qu’il en oublie son équilibre.
On se déplace en tuktuk, en moto, en voiture, à pieds, pour rallier une rue à une autre qui ne répondent pas à des noms mais à un agencement presque incompréhensible de nombres qui ne se suivent pas.
La tête tourne et ce n’est plus la seule faute du soleil, vous êtes en train de goûter Phnom Penh, de vous laisser submerger.

Nous sommes en décembre, mais ce mois a la même odeur que n’importe quel autre, celui d’une vie sans temps mort, qui se consume impérieusement de toutes les façons imaginables.
Si les fêtes ont posé leurs empreintes ici ce n’est pas tant le fait de la discrète minorité Chrétienne mais bien celui des touristes occidentaux que l’on cherche à séduire.
Dans une étonnante contradiction visuelle la ville se pare de décorations alors que ses ordures patientent encore à vos pieds.
Point de sapin si loin des montagnes, point de neige au milieu de ce feu vivant, il y a des images et des ornements, des chants que nous connaissons qui résonnent pour attirer l’attention.
Mais il n’y a rien d’assez brillant pour cacher l’essence de cette ville, son ivresse bouscule son charme, son indigence côtoie son euphorie.

Décembre a filé…Phnom Penh ne vous a pas laissé y penser.

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6 Commentaires

  1. MP MP
    27/12/2014    

    Decembre au cambodge,j’adore,la tete qui tourne,j’adore,noel est passe place a la nouvelle an
    nee,je suis pressee de savoir ou tu seras!!!!peut etre que ma tete tournera autrement que dans les bulles.ENORMES BISOUS.

    • Marine Marine
      28/12/2014    

      Je garde la surprise, mais ce sera un endroit parfait pour tourner la page 2014, promis..
      Merci d’être toujours à mes côtés pour ce voyage MP !
      je t’envoie plein de bisous Cambodgiens

  2. Marette Marette
    27/12/2014    

    encore une fois magnifique !!!!
    Tu nous manque …
    La pétition commence pour ton futur retour en Usic et revient nous plus en forme que jamais !!!!
    Gros gros bisous
    Marie

    • Marine Marine
      28/12/2014    

      Marie Marette !!!!!
      Quel plaisir !! Collecte autant de signatures que tu le peux, mais qui sait peut être que je vais trouver un USIC Asiatique !
      Je crois que vous me manqueriez trop ceci dit…
      Plein de gros bisous, partage avec tout ce beau monde à qui je pense souvent.
      A très vite Marette !!!!!
      L’aventure continue !

  3. André André
    29/12/2014    

    Un salut lorrain frigorifié! c’est agréable de se réchauffer en vous lisant. Me demandais si l' »unicité des quartiers » était liée à des métiers. Je comparais à Bangkok, où c’est le cas. Je me demande si l’intensité de la vie là-bas avec ses contrastes extrêmes ne vaut pas une cure de vitamines. Vous souhaitant ainsi vitaminée …Bonne route!

    • Marine Marine
      29/12/2014    

      Et une petite réponse Cambodgienne étouffée de chaleur, il y a des degrés à revendre par ici !
      L’unicité est plus liée à un point d’intérêt principal autour duquel s’organise toute la vie du quartier.
      Le royal palace est très touristique : le quartier est bondé de bars et restaurants
      le marché russe est très local : le quartier est très authentique, pauvre et désorganisé.
      Effectivement, je prends une bonne dose de remontants ici, plein les yeux et plein la tête !
      Bonne lecture à vous et merci de suivre l’aventure

      À bientôt

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