Huangshan, avec un peu de glace sur les sommets s’il vous plait

Comme unique fond sonore qui pourfend l’atmosphère céleste des lieux, résonne le cliquetis de nos semelles d’acier dont il a fallu s’équiper pour agripper le sol.
Les arbres si tranquilles, dont on devine encore les touches de verdure sont prisonniers de glace, condamnés à l’immobilité dans l’attente de températures plus clémentes qui feront fondre leurs chaines verglacées. Leurs bourgeons tout juste naissants ont stoppé leur croissance et leurs couleurs sont figées sous la transparence cristalline du froid.
Ce sont ces « montagnes jaunes », maitresses audacieuses par le dénivelé, qui accueillent cette nature, ses reliefs éternels, et son parterre de neige.
Ces sommets rocailleux ont de la poudre aux yeux, en cette saison, elle est toute blanche…
On grimpe et l’on dérive, l’on remonte pour redescendre, l’itinéraire est un vaste champ de marches sinueuses s’accrochant aux flancs des roches et se dissipant dans un brouillard qui nous empêche d’en deviner l’issue.
Le froid nous transperce et du ciel tombent quelques minuscules billes gelées et nous comprenons dès lors que notre parcours n’est qu’une vaine tentative de rivalité avec le corps de ces roches et la force de sa flore.
Les rares cascades encore capables de courir sans que les degrés n’aient pu stopper leur folle descente, s’insinuent discrètement entre les pierres et se mêlent alors à notre avancée le doux frémissement de l’eau.
Nos pas se font de plus en plus lourds à mesure que les heures filent, mais nos yeux conservent le même caractère, celui de la candeur qui assoit toutes découvertes lorsqu’elles sont merveilles.

Sur les toits de la Chine aujourd’hui, la neige a gardé nos empreintes.
Un bref et éphémère mouvement dans une pièce d’éternité.