Voyages en sac à dos

Des animaux et peu d’hommes

Sur un coin d’eau désertique, quatre pattes maladroites se délient, un long cou s’abaisse, une girafe s’éprend d’une source écrasée de soleil.
Il y a, à la ronde, cent autres espèces que l’on ne voudrait pas manquer, une démesure étrange pour une terre si aride.
Namibie, pays silencieux dans cette Afrique grouillante, d’un calme qui fait écho à ses étendues sèches. L’homme ici n’est qu’un attribut secondaire, la nature est seule maitresse de ce monde, elle grimpe, court, rampe, crie et chante. Elle vous surprend dans ses aspérités, vous étouffe dans sa chaleur. Avec d’infinies précautions, silencieusement comme les intrus que nous sommes, nous scrutons la faune qui s’agite. Ronde impeccable et précise, les troupeaux se croisent sans heurt. Il y a bien quelques lions qui se prélassent à l’ombre, guettant les imprudents, mais leur apparente tranquillité suffit à nous faire croire que cette nature est parfaite, que les lois qui la régissent répondent à la seule nécessité de maintenir la vie sans la brusquer.
Lorsque la nuit vient, que les chacals se font entendre autour de nos tentes, il est encore possible d’observer la pérennité de ce spectacle. Autour des étendues d’eau, ce monde ne cesse jamais, la nuit n’est que l’occasion d’un autre passage, de la hyène aux rhinocéros, de l’éléphant au Spring box…
D’une simplicité rarement accessible, le monde s’offre ici tellement brut. Rien ne manque à ce moment que l’on ne voudrait pas quitter. Un barrissement pour rompre le silence nous sort de nos songes, alors que s’élève vers le ciel les nuages de poussière que ces colosses dérangent…
Pour parcourir ces vastes terres, la seule piste caillouteuse se fond dans un paysage hostile, la Namibie se traverse sous son soleil de plomb. Nos traces s’oublient derrière nous, rien ne se conserve de l’homme, l’animal seul peut dompter les lieux.
Curieux et songeurs, nous sommes les plus petits de cette chaîne, qui ici nous encercle, nous nargue d’indifférence et de stature, et nous offre l’entier panorama de sa diversité.

Sur cette source écrasée de soleil que nous observions tout à l’heure, la girafe se redresse, nous toise un instant, et majestueuse, s’attaque à l’horizon…image

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1 Commentaire

  1. Monsieur Gola Monsieur Gola
    11/05/2016    

    Quelle belle écriture. Vos lignes nous permettent de nous évader sans y être. Cependant une question me vient en tête : avez-vous vu des félins ?

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Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s’écartent,
Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !

Charles Baudelaire