Voyages en sac à dos

Le désert du Namib

Et l’on dit que le désert du Namib est vide…
En m’enfonçant dans son sable oranger, les yeux rivés sur un horizon de dunes inégales et gracieuses, je lui ai trouvé tant de vie.
Une vie de couleurs comme on en connait peu, d’un bleu éblouissant qui attaque le regard dans son ciel, d’un blanc craquelé qui dessine le sol de sa vallée de la mort, d’un rouge sable flamboyant qui s’amuse des reflets du soleil pour se décliner…
Des signes de vie passées, comme ces arbres noirs, morts de n’avoir pas bu il y a des centaines d’années et dont la sécheresse extrême empêche la décomposition. Leurs branches brûlées ne donnent plus qu’une ombre dérisoire dans cette vallée suffocante.
Des vies qui se battent pour maintenir un écosystème surprenant, comme ces rampants qui fourmillent dans les vallons et ces geckos qui suivent nos pas.
Des sons inconnus, comme celui si étonnamment sourd et puissant du sable qui croule sous nos pas dans les descentes. Un tonnerre venu des profondeurs d’une terre qui n’est pas habituée à être foulée.
Une vie éternelle que l’on regarde naître aux aurores en bravant le froid et le noir de la nuit, pour capturer l’instant où le soleil vient servir sa lumière.
Une vie qui se fait alors claire, brûlante, baignée de nuances.
On peut alors s’autoriser une longue et éreintante ascension sous des températures qui entravent rapidement l’impatience de notre foulée ; la plus haute dune de sable du monde, « Big daddy », s’apprivoise lentement. Au sommet de sa crête se dessine une vue infinie, un relief d’une imperfection somptueuse, un cordon lunaire de montagnes rouges.
Tandis qu’à leurs pieds aucun air ne circule, les hauteurs sont venteuses comme pour nous rappeler que notre place n’est pas ici, que le passage doit être furtif. Le sable nous bat les oreilles, il est temps de renfoncer nos pieds dans le corps de ce monde pour le laisser vivre.
Dérisoire condition que celle de l’homme qui réalise son infime existence, la nature se prélasse ici depuis des milliers d’années sous d’intraitables conditions qui ne semblent que la magnifier. Elle est plurielle et intouchable.
Le désert du Namib, du haut de son indomptable aridité, n’a décidément rien d’un monde vide…

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2 Commentaires

  1. Céline Céline
    31/05/2016    

    Bonjour Marine,
    je venais te lire pour tromper un court moment d’ennui au travail…
    Quelle surprise ! je viens de refaire ce voyage avec des mots, et nul besoin de photos même si les tiennes sont très réussies.
    Descriptions magnifiques et poétiques, je vais pousser le voyage jusqu’en Asie au bout de ta carte ;-).
    Bravo pour ce blog et vivement les prochains voyages.

    • Marine Marine
      10/06/2016    

      Merci beaucoup Céline, c’est toujours un plaisir de voir que le voyage perdure avec les mots aussi… donc si en plus je peux le partager, c’est un bonheur !
      Je te souhaite une belle balade au bout de la carte !!!
      Que tout cela t’inspire pour tes futures destinations…

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