Voyages en sac à dos

Taipei, made in Taiwan

Petite île oubliée au large de la Chine dont elle aime se dire indépendante, bout de terre méconnu du tourisme occidental, Taiwan se dévoile pour qui ose le détour.

Dans Taipei, sa capitale, se mêlent étonnamment les visages de l’Asie dans tout ce qu’elle offre de disparate.
Les rues sont immaculées mais s’encombrent en soirée des marchés de nuit bruyants, qui débordent d’abondance et de population. On s’y fraye un chemin avec les mêmes difficultés qu’ailleurs, respirant des odeurs de citronnelle, de viandes grillées, et de bouillons fumants. Des odeurs maintes fois inhalées et toujours identiques, discrètement épicées et parfois rebutantes. Les étals sont semblables, minuscules chariots ambulants qui offrent à toute heure et aux milliers d’Hommes de passage des choix trop nombreux pour être énumérés sans oubli, de la brochette de poulpe aux champignons rois.
Se poursuivant sur des distances qui s’étirent au delà de nos yeux, la rue s’illumine à la lueur des centaines d’ampoules nues qui pendent au dessus de toutes ses vapeurs.

A la croisée des immenses boulevards où la circulation si dense semble ne jamais faiblir, nos regards aperçoivent les tuiles colorées des temples bouddhistes. Les bâtonnets d’encens y fument dans les lourdes jarres de métal cuivré qui parsèment les cours. L’odeur finalement si familière de la piété Asiatique.

Mais Taiwan devient plus complexe lorsque l’on s’attarde à admirer ses contrastes. Car à ces bouts de trottoir jonchés des bassines d’eau où s’entreposent les vaisselles des marchands de rue, à ces tabourets de plastique sur lesquels les Taiwanais dévorent leur raviolis vapeurs à même le pavé, se heurtent les rames aseptisées des lignes de métro et les hauteurs inabordables d’immeubles d’acier, géants qui vacillent au dessus de nous.
Taïwan est maitre de cet entre-genre où l’Asie conquérante qui assied sans mal sa modernité se prélasse encore inconsciemment dans ses usages les plus originels.
Un pays presque transitionnel entre la pureté que l’on connaît du Japon dans son sens rigoureux de la droiture et du respect, et les aspérités d’une Asie plus pauvre.

Entre deux cafés aux murs bétonnés dans ce style épuré cher aux tendances occidentales, se loge un de ces innombrables restaurants typiques vides de chaleur, où se reflète sur les tables d’acier encore sales la lumière brute et insipide d’un néon. Un ventilateur sans âge y brasse l’air au dessus des habitués qui avalent en silence leur bol de nouilles.

A la faveur de nos détours piétons, Taipei apparaît alors comme un métissage réussit et détonnant, ces cultures mêlées n’en formant finalement plus qu’une pour offrir à l’Asie un alliage inattendu où rien n’apparaît plus agréable que d’y perdre sa route pour admirer le spectacle.

 

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Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s’écartent,
Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !

Charles Baudelaire