Voyages en sac à dos

Jour de prêche au Ladakh

Sans que l’estimation soit officielle, des milliers de personnes se seraient rassemblées ce jour là pour entendre la bonne parole. Sur le parterre d’herbe abrutie de soleil règne pourtant un calme poignant.

Les moulins à prières tournent à la force du poignet, les lèvres craquelées récitent à l’unisson une oraison tout juste perceptible dans l’ombre convoitée d’ombrelles multicolores. La vie est partout et s’agite en nombre, du nourrisson emmailloté au vieillard somnolent, tous n’ont d’yeux que pour cet homme au loin paré de son éternelle toge orange.

Dans les montagnes ocre et hostiles du Ladakh, le Dalaï-Lama est venu s’aventurer.

Le lieu dégage une aura paisible malgré le caractère festif et extraordinaire qui s’échappe de l’événement.
En se frayant un chemin à travers la foule compacte, les yeux espiègles des plus jeunes suivent notre timide avancée. Rien ici pourtant ne nous désigne comme intrus. Est bienvenu celui qui respecte les lieux et l’atmosphère unique qu’offre celui qui y règne en maître aujourd’hui. Sur une simple assise boisée, entouré de ce que l’on imagine être ses disciples les plus fidèles, le quatorzième Dalaï-Lama, sourire aux lèvres et lunettes teintées répand la sagesse. Sa voix, douce et sereine comble chaque parcelle d’air. Bien que le tibétain ne donne qu’un écho inconnu à nos oreilles, il est possible de s’abreuver de ces paroles mystiques tant leur musique semble se suffire à elle-même. Il paraît que ces longues heures de discours sont affaire de moralité, de paix et de droiture. Une déferlante de bienveillance qui trouve son dessein dans chacune de ces âmes agenouillées. S’étendant bien au delà de  l’horizon que nos yeux captent, elles semblent n’être qu’une seule et même entité. La chorégraphie qu’impose la récitation des prières se dessine à la perfection, les genoux à même le sol, les mains jointes, la tête s’affaissant pour rejoindre la Terre à intervalles réguliers, ces simples mouvements semblent tout à coup sublimes.

Sur les montagnes beiges qui encerclent le lieu, de rares nuages s’accrochent pour défaire la perfection du ciel.
La magie tient au décor, à la puissance sans doute qu’il offre à cette scène, à cet homme placide qui subjugue la foule, à la quiétude enfin, qui rayonne sur un bout de plaine poussiéreux.

Sans y paraître, nous sommes en train de vivre l’un de ces rares moments d’une douceur si exquise qu’il devient difficile d’envisager s’en échapper.

 

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Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s’écartent,
Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !

Charles Baudelaire